« Ma fille a beaucoup de mal à gérer ses émotions, surtout quand elle est en colère »
« Il n’y a pas un jour sans que j’aie à gérer les émotions de mon fils et ça devient pesant »
« Ma fille de 2 ans a beaucoup d’émotions intenses. C’est une phase normale ou je dois m’inquiéter ? »
Vous êtes nombreux.ses à me poser des questions autour des émotions de vos enfants. À voir le nombre d’ouvrages sur le sujet dans les rayons jeunesses des librairies, c’est vraisemblablement une préoccupation de beaucoup de parents aujourd’hui.
C’est un domaine que beaucoup découvrent avec leurs enfants, sans toujours y avoir été préparés. Peu d’entre eux ont pu expérimenter, lorsqu’ils étaient enfants eux-mêmes, une attitude vertueuse à l’égard de leurs émotions, qui les aide à développer leur vocabulaire émotionnel et comprendre les mécanismes qui les déclenchent.
Si j’avais un seul conseil à donner aux parents qui éprouvent des difficultés face aux émotions de leur enfant, ce serait le suivant : considérez toujours chaque émotion de votre enfant comme légitime.
La question n’est pas de savoir si telle ou telle émotion est justifiée ou non, acceptable ou non.
Elle trouve sa légitimité dans le simple fait que votre enfant la ressente à ce moment-là.
Votre capacité à accueillir et reconnaître comme valables chacune des émotions de votre enfant sera déterminante pour l’accompagner quand elles le traversent.
Plutôt que de chercher comment « gérer » les émotions de votre enfant, accueillez-les simplement. Faites-leur une place… et elles laisseront rapidement la place à autre chose !
C’est de cette façon que vous aiderez votre à développer une compréhension de plus en plus fine de ses émotions (et par conséquent, de celles des autres plus tard ! ).
Mais concrètement, que signifie « considérer chaque émotion comme légitime » ? Quelle attitude adopter ?
C’est ce que je décrypte pour vous dans cet article.
1. C’est pouvoir nommer l’émotion que votre enfant vit.
Reconnaître - littéralement - l’émotion qui traverse votre enfant est la façon la plus efficace de l’accueillir comme étant légitime.
- Reconnaître une émotion, c’est surtout pouvoir la nommer : « tu es en colère », « tu te sens frustré.e », « tu es triste », « tu as du chagrin ». Cette simple formulation est la façon la plus puissante d’accueillir une émotion, comme on saluerait quelqu’un qui entre dans la pièce.
- Reconnaître une émotion, c’est aussi savoir décrypter ses manifestations physiques : « tu pleures », « tes bras et tes poings sont tout serrés », … Ces décryptages seront très précieux pour accompagner votre enfant dans la prise de conscience de son émotion.
- Pouvoir verbaliser les mécanismes qui déclenchent les émotions sera aussi précieux que vertueux : « tu es frustré.e parce que ça n’est pas ce que tu voulais », « tu es en colère parce que tu refuses que … », …
Au delà de l’apaisement que cette reconnaissance apporter, savoir mettre des mots sur leurs émotions est l'un des trois apprentissages les plus précieux à offrir à nos enfants ! (Découvre les deux autres dans cet article).
2. C’est dire « oui » à chaque émotion, simplement parce que c’est celle que votre enfant ressent.
Dessin râté, le grand frère rentré en premier dans la voiture ou (pire !) qui a appuyé plus vite sur le bouton de l’ascenseur … Ces petits tracas nous paraissent souvent bien dérisoires aux yeux d’un adulte. Ils sont pourtant au centre de la vie de nos enfants !
Face à certains événements d’une journée d’enfant et aux émotions qu’ils peuvent déclencher (des peurs, des chagrins, …), la tentation est grande de remettre en question la légitimité du ressenti de son enfant.
Dire « oui » à chaque émotion, c’est :
- Renoncer à la remettre en cause : « Mais non, ça ne fait pas peur ! Tu n’as pas de raisons de t’inquiéter »
- Résister à l’envie de la faire cesser : « Arrête de pleurer ! »
- Faire une place à l’émotion plutôt que de chercher à consoler rapidement : « C’est pas grave, on en trouvera d’autres » ou s’empresser de détourner l’attention de l’enfant vers autre chose.
Les parents peuvent laisser une place aux émotions de leurs enfants sans craindre qu’elle ne dure plus longtemps.
C’est quand vous renoncez à trop vite « passer à autre chose »… que votre enfant s’apaise. Car contrairement à un sentiment ou à des débordements émotionnels (quand les émotions ont été trop réprimées et génèrent un stress qui conduit à l’explosion « pour un rien »), les émotions ne durent pas plus de quelques minutes… sous réserve qu’on ait pris la peine de les accueillir !
3. C’est donner toute légitimité à chaque émotion… mais pas à tous les actes qu’elle déclenche.
Si les émotions fortes de nos enfants appellent un réconfort immédiat (par une acceptation totale de ce qu’elles sont), il n’est pas question de laisser libre cours à toutes les réactions qu’elles déclenchent.
Beaucoup de parents ne se sentent pas tant désemparés face aux émotions de leurs enfants que face aux actes qui en découlent : « Oui, elle tape beaucoup sa soeur mais c’est qu’elle est très en colère ».
L’attitude emphatique qui est vertueuse face aux émotions de votre enfant ne vaut pas pour acceptation de toute réaction : taper, crier, insulter, casser, …
C’est un malentendu qui joue des tours à beaucoup de parents face aux émotions intenses de leurs enfants, notamment face à la colère.
Ce malentendu les fait douter de l’efficacité d’un accueil des émotions (« Je lui dis toujours que je comprends mais ça ne l’empêche pas de taper sur tous les murs… ») et de la justesse de leur attitude (« on me dit que je suis trop à l’écoute de ses émotions »).
La principale différence entre les émotions et les actes qui en découlent, c’est que les premières passent tandis que les conséquences des seconds restent.
A défaut d’avoir retenu un geste de colère (tape, coup, …), vous pouvez dire à votre enfant « tu vois, ta colère est partie, mais le mur a toujours la trace de ton coup ».
Et vous, comment réagissez-vous face aux émotions de votre enfant ?
Envie d’aller plus loin à la découverte des émotions de votre enfant (et des vôtres) ?
- Apprivoisez vos propres émotions pour mieux guider votre enfant. Découvrez les secrets des mamans (et des papas) toujours calmes et pourquoi les colères de votre enfant finissent trop souvent par vous faire perdre patience !
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L’auteure. Je suis Céline Syritellis et je m’adresse aux parents qui sont fatigués de crier sur leurs enfants. Je leur propose des solutions personnalisées pour les aider à retrouver un quotidien paisible et construire avec leurs enfants une relation riche et solide.
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Crédit photo : Eddie Kopp on Unsplash